Pascal Speter

Droits de l'enfant passons aux actes

Depuis quelques semaines, certaines associations alertent sur les mauvais comptes de la protection de l’enfance. Elles ont été relayées, le 21 novembre, par les sénateurs Arnaud Bazin (LR) et Éric Boquet (Communistes). Les deux rapporteurs du projet de loi de finances (PLF) sur le volet « Solidarité, insertion et égalité des chances » soulignent l’existence d’ « inconnues budgétaires persistantes », sur le financement de la Stratégie nationale de protection de l’enfance.

 

Une enveloppe promise de 80 millions d’euros

 

À l’origine, pourtant, l’engagement était clair. Le 14 novembre, le secrétaire d’État Adrien Taquet avait promis de débloquer une enveloppe de 80 millions d’euros. Mais la traduction concrète de cet engagement se serait noyée dans un mécanisme complexe, voire obscur.

 

Une chose est claire : les 80 millions n’ont pas été votés d’un seul tenant. Sur cette somme, d’abord, 30 millions ont été renvoyés au projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS), puisqu’ils couvrent notamment des dépenses médicales : généralisation du bilan de santé pour chaque enfant qui entre à l’aide sociale à l’enfance, généralisation de l’examen prénatal du 4e mois de grossesse, etc.

 

Reste le gros du morceau, les 50 autres millions qui, selon les rapporteurs, devaient bel et bien s’inscrire dans le Projet de loi de finances (PLF). Problème : l’amendement gouvernemental, adopté le 7 novembre, ne débloque que 30 millions d’euros, renvoyant les 20 millions d’euros manquants à un « redéploiement » au sein du programme 304 du budget.

 

Le système retenu est très peu lisible

 

Ce montage cache un « loup », alertent certaines associations et syndicat, comme l’Uniopss. En effet, le mécanisme retenu est très peu lisible. Il sera compliqué de savoir si les 20 millions seront réellement débloqués pour la protection de l’enfance ou pas. Or, ils sont cruellement nécessaires. Déjà, les 80 millions annoncés avaient beaucoup déçu, apparaissant comme une goutte d’eau par rapport aux 8 milliards d’euros débloqués chaque année par les départements.

 

Plus encore, même si les 20 millions étaient bien redéployés vers la Stratégie nationale de protection de l’enfance, cela se fera au préjudice d’autres politiques financées par le programme 304 du PLF qui porte sur l’«inclusion sociale et protection des personnes »,déplorent les associations. « Au détriment de quel public se fera ce redéploiement ? », s’interroge ainsi l’Uniopss.

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D
A l'allure où ce pays fabrique des cassos, des familles "tuyaux de poele" et laisse entrer la misère du monde à pleins bateaux, le combat est perdu d'avance. De moins en moins de fric, de personnel, d'infrastructures et une "clientèle" en augmentation exponentielle. On vous le redit : Peine perdue.
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N
Mieux vaut prévenir que guérir... Sauf en France ? Pourtant, s'occuper de nos enfants en détresse doit être plus utile et plus efficace pour les intéressés et pour l'avenir du pays que d'employer du personnel à ouvrir les portières et les portes à des élus.
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M
Pendant qu'on parle de ce sujet<br /> <br /> On ne parle pas d'autres choses<br /> <br /> N'est-ce pas Mr
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L
La honte... ! D'autant que tout cela n'est pas nouveau !<br /> <br /> Maman adoptive, j'ai eu affaire aux services sociaux... J'ai été en contact avec nombre d'autres parents, soit d'enfants adoptés, soit d'enfants "à problèmes", qui avaient, comme moi, affaire aux services sociaux, soit en vertu de la qualité d'"adopté" de leur enfant, soit en vertu des "problèmes", souvent signalés par l'école, institution qu'on ne peut, donc, exclure totalement du champ de la réflexion.<br /> <br /> Je ne dirai qu'une chose : il serait grand temps que soit enquêté non seulement sur la manière dont certains enfants "placés" sont traités, en effet, mais il serait aussi grand temps d'enquêter sur les interventions de certains services sociaux menant à retirer l'enfant à ses parents. Parents dont certains ont rebaptisé lesdits "services" en "SÉVICES sociaux" !<br /> <br /> Bien évidemment, il n'est pas question de jeter la pierre à l'ensemble de l'ASE ni à l'ensemble deaux autres "services sociaux", et il n'est pas non plus question de prétendre qu'il n'existe pas de "parents indignes" auxquels il vaut mieux retirer leurs enfants.<br /> <br /> Mais l'expérience que j'en ai faite moi-même va du "formidable", s'agissant des services de l'adoption auxquels j'ai eu affaire et qui m'ont très utilement conseillée avant, accompagnée ensuite, à "terrifiants et abjects", à mon immense surprise, pour d'autres "services" qui méritent en effet l'appellation "sévices", voire pire : j'ai rencontré quelques interlocuteurs sur mon parcours qui auraient amplement mérité un dépôt de plainte – mais l'omerta, ici, fait vite comprendre aux parents que ce serait vain.<br /> <br /> Notamment lorsque ceux-ci agissent dans le domaine "médico-social" ou en lien avec l'école d'un côté, en disposant de l'autorité que leur confère tout particulièrement leur statut de "soignants" ou de "professionnels de l'éducation spécialisée", ou, de l'autre côté, avec certaines associations qui se voient reconnaître un pouvoir exorbitant mettant les parents et l'autorité parentale quasi sur la touche, un gros, gros ménage devrait être fait !
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H
Encore des annonces mais rien derrière ! la protection de l'enfance va mal mais de gouvernement en gouvernement rien n'est fait. Trop de collègue en situation de détresse.
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